Chronique du concert au " Palace" (Paris)

Première constatation, un peu amère: coupé, comme pour tous les "petits" concerts, de l'étage et du bar; le Palace, rempli aux trois quarts, n'avait pas un air de fête. Une vingtaine de pogoteurs parisiens nuls - c'était prévisible - trustaient le devant de la scène et le reste du public, plutôt paisible, écoutait avec calme.

Quand les Undertones attaquent "You've Got My Number", pratiquement leur meilleur morceau avec "Teenage Kicks", une fumée blanche à l'odeur souffrée se dissipe mollement de la scène: une trace du complexe décidément inquiétant du compositeur-guitariste John O'Neill vis-à-vis des brumes polaires d'Echo & The Bunnymen. Toujours autant d'ingénuité, de simplicité rustique, pourtant, dans le son et l'attitude des Undertones. Simple ajout: une section de cuivres dans le coin à droite, un peu perdue dans le mixage approximatif. Ceci comme le manque d'ambiance - la salle se réchauffera quand même petit à petit - empêche d'assister au grand concert des Undertones que "Positive Touch" laissait espérer.

A la place, on est emporté par une de leurs plus chaleureuses démonstrations. Feargal sharkey chante toujours les trois quarts du temps à genoux, fixant le sol avec une rage intérieure. Pour les ballades, il se tient droit devant le micro, les yeux dans le vague. La partie "ballade" du concert - six de suite à grands renforts de fumée - m'a rappelé subitement que ce n'était pas à un "bon groupe" qu'on avait affaire, mais à une entité exceptionnelle, à la magie indémontrable. La conjugaison rarissime d'une force élémentaire et d'une inspiration pop extraordinaire, à la lettre, sobre et instinctive. Avec une foi qui devrait faire rougir de honte tous les tricheurs. Ceux qui ont entendu le dernier rappel, l'oublié "When A Man Loves A Woman" de percy sledge, comprendront de quoi je parle.

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