Chronique
concert Lyon 4/5/83
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Les UNDERTONES enfin crânent un peu. Ils se sont fait un petit mobilier scénique en bois blanc, pour masquer les amplis et ménager deux estrades à Feargal Sharkey. qui se montre, oui, sur ces promontoires. on le connaissait recroquevillé, accroupi derrière la batterie: le voici figure de proue, fier, ou bras offert aux voltigeuses du premier rang. Signe là d'une impétuosité nouvelle, immédiatement sensible sue cette intro idéale qu'est "When Saturady Comes". Les guitares sonnent comme en rêve, les churs sont en place - bap bap, et feargal navigue par temps clair. Le groupe le plus sympa du monde est au beau fixe, et dans ces conditions on oublie le "sympa" et on applaudit bien fort. "Wednesday week" ou "It's Going To Happen", ou "Love parade". Ils sont au meilleure leur forme. Enfin sûrs de leur fait, les Undertones frôlent la balance parfaite entre délicatesse et convulsion. Car, bien sûr, il y a encore "Teenage Kicks" et "Get Over you". En face, il n'y a plus les gens que ça faisait remuer, mais qu'importe. Il en reste assez pour faire une claque et montrer quelque chose. Ce soir là, meilleurs musiciens qu'avant, jamais les Undertones ne m'ont parus aussi touchants, ni aussi près de leur but. Feargal sharkey - tant de passion vibre dans cette voix et ces mimes - mériterait à lui seul un paragraphe. Mais ça serait discréditer les autres lutins-rockers, John O'Neill (que je m'obstine à vouloir appeler Jim) en tête, ses amusantes lunettes noires de taupe hip et son orgue de foire Il fallait oser "love Before Romance" et ils l'ont fait. Il fallait déballer tout l'arsenal de leur sac à pop, et ils ont fait ça au mieux. En crânant un peu, enfin! Peine perdue. A Paris, trois semaines plus tard, une organisation débile voulut d'abord les confiner dans la chaufferie de l'Eldorado (cent pékins garantis, comme en amateur à Derry!) puis annula simplement le concert. Concert qui aurait pu être le dernier, puisque le groupe envisage sérieusement de se séparer. A la base, d'accord, les Undertones n'ont jamais su se vendre. Je vous laisse maintenant mesurer l'ampleur du gâchis. |