Bye
bye Tones
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Je n'ai pas lu la presse locale au lendemain du Festival Élixir, mais nul doute qu'on y tartinait sur les Undertones. Ces Irlandais si fougueux, touchants, enthousiastes... Consacrés de la sorte devant 25000 pékins, soit dix fois plus qu'en additionnant leurs deux derniers Palace. Une chance unique. Enfin on allait parler d'eux. Bref, les Undertones - à plein régime comme rarement je les ai vus - ont subjugué. Backstage, beaucoup découvraient (après on s'étonne qu'ils soient sous évalués), tandis que les quelques initiés trépignaient, pavoisaient, pour mieux pousser la larme ensuite (ou pendant: un "Love Before romance" à tomber de saisissement). Parce que voilà: une fois emballé le gig Élixir et plié bagage, nos oiseaux s'en retournaient vers leur mère patrie, le verte Erin, pour offrir à Dublin et à leurs légions de fans locaux un adieu émouvant, ferme et définitif. Exit Undertones. |
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Avec le sourire presque. Sereins en tous cas. Jamais vu phalange si soudée comme la main et rigolarde à deux doigts de la rupture. A l'amiable, pour le moins. Mais pour Feargal Sharkey comme pour ses petits copains, juste redescendus sur terre après un final proprement délirant (version échevelée de "Let's Talk About Girls", enchaînée en rappel sur... "I Wanna Be Your dog" - oui! - apoplectique), la page est déjà tournée dans la tête. Les dernières salves sont affaire de générosité. Dans leur cas, ça prend des proportions phénoménales. | |
Et
tu peux parler tranquillement de split après Ça? La
modestie aura flingué les Undertones. Ou plutôt non. La
simple évolution mentale qui va nécessairement de pair
avec le progrès coté musique. D'après
leur communiqué officiel, qui dédramatise, c'est la peur
de devenir célèbre(!). En fait, l'absurdité du
split logique. La séparation "naturelle"; fatalité
inéluctable. Rock-biz en fée Carabosse qui transforme
en perdants ceux qui ne savent pas tricher. Ou plutôt non; d'autres
auraient peut-être insisté, quitte à vendre leur
âme ou radoter. Quitte
à faire rigoler vu les ventes dérisoires du récent
"The Sin Of Pride", c'est aussi courageux qu' "innocent".
Candides à leur arrivée en pleine deuxième vague
punk (78), les Undertones n'ont toujours pas appris les règles
du jeu, celles qui font que (vous avez remarqué?) tant de mauvais
restent ou se remettent ensemble. Conjuration
invisible? Candeur, encore. Là, il faut avouer que les Undertones
y ont mis du leur. Non contents d'afficher un "look" déplorable
et une discrétion désarmante en interview, nos amis, plutôt
que de ratisser l'Amérique ou la poldavie Inférieure propulsé
par par un ou deux hits, ont préféré passer leur
temps à monter leur propre label, Ardeck (leur séjour
chez sire les ayant échaudés) puis à construire
un studio à Derry. Alors
voilà. Michael Bradley et Damian O'Neill continuent ensemble,
et leurs fulgurants progrès de compositeurs, la voix correcte
du premier, l'autorité acquise par le second,entretiennent quelque
espoir. John O'Neill, maître à penser présumé,
incroyablement effacé pour un maître à penser présumé,
arrête tout. (Feargal: "Sa nouvelle ambition est de devenir
poète beat! Il vient de découvrir "Sur la Route".
Mais ne l'ébruite pas!"). Billy Doherty traînera ses
baguettes au hasard des sessions. Quant à Feargal, ses petits
projets à lui sont bien en train. Regrets.
Jalousie? Maldonne des cartes pop-Années 80. L'impression nette
que les Undertones avaient les moyens d'être autre chose qu'une
marotte de rock-critique. Trop tard? |